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Why We Fight? Featuring Fannie Bourgeois: Gracie Barra Blue Belt.

Why We Fight?

Featuring Fannie Bourgeois: Gracie Barra Blue Belt.

Why do we fight? What is it that compels the Jiujiteiro to press on and continue to train, day-in and day-out, with little to no return? This year, I’ll be interviewing members of the GB Montreal family to try and get to know them better and gain insight into their jiujitsu journey. We are an eclectic bunch with diverse backgrounds. One thing binds us together on the mats though; we train, we persevere, we fight.

By Dan Aponte.

Dan Aponte: Fannie, thanks so much for taking the time for this edition of “Why do we fight”, I wanted to do something more diverse for this blog post, so we’ll do it mostly in French, with a little bit of franglais scattered in when needed. Ça te va? Parfait. Alors, comment as-tu commencé à faire du jiu-jitsu? Est-ce que c’est le premier art martial que tu as essayé?

Fannie Bourgeois : Alors, je ne connaissais pas le jiu-jitsu du tout du tout, et ce qui est arrivé c’est que j’avais vu quelque chose qu’une de mes collègues de classe avait posté sur Facebook. C’était une période de ma vie où je n’avais pas vraiment de passion ou de hobby, et j’étais à la recherche de quelque chose de plus, quelque chose de différent. Je me suis dit que j’allais essayer, juste pour voir. Je suis venue à mon premier cours, je n’avais rien compris, *se met à rire*, mais j’ai eu la piqure tout de suite.

“Je trouve que les techniques en jiu-jitsu sont des mouvements qui utilisent le corps de la façon dont il est conçu. C’est très intuitif.”

DA : C’est quand même assez surprenant pour moi d’entendre des histoires comme ça où, du premier coup, quelqu’un devient accro à un art martial comme le jiu-jitsu. C’est quand même un art martial où dès le premier jour, tu pratiques avec quelqu’un dans ta bulle. J’ai commencé les arts martiaux avec le karaté et le kickboxing, puis je me suis intéressé au MMA où il fallait faire du « ground work ». Qu’est-ce qui a été la ou les choses du jiu-jitsu qui t’ont vraiment attirée? C’était quoi le « hook » du BJJ?

FB : En fait, c’est drôle, mais les premiers cours, j’étais complètement perdue, on faisait la garde et je n’avais rien compris, mais il y avait quelque chose de tellement intuitif avec le jiu-jitsu. C’est probablement ça que j’ai beaucoup aimé. Par exemple, le karaté est un art martial beaucoup plus strict, déterminé, avec des techniques et des katas qui doivent être exécutés d’une façon très particulière. Le jiu-jitsu de son côté a des techniques où, oui, driller t’aidera à t’améliorer, mais ces techniques peuvent être adaptées à ton corps ou à ton style. Je trouve que les techniques en jiu-jitsu sont des mouvements qui utilisent le corps de la façon dont il est conçu. C’est très intuitif. De plus, j’aime qu’il n’y ait pas beaucoup d’arrêts dans les rounds. Quand on fait du sparring, ça continue tout le temps et ce n’est jamais statique. J’aime beaucoup le dynamisme de ce sport.

DA : Ça fait combien de temps que tu en fais?

FB : Un peu plus de deux ans. Ça fera 3 ans l’été prochain.

“Le jiu-jitsu te fait connaître ce qui fonctionne bien pour toi dans des situations variées, ce qui augmente ta confiance en toi quand tu fais face à des situations nouvelles.Je pense que c’est une des leçons du jiu-jitsu qui m’aide dans tous les aspects de ma vie.”

DA : Le jiu-jitsu, comme beaucoup d’autres arts martiaux, est un sport où la plupart des participants sont des hommes. Je dirais qu’ici chez Gracie Barra, on est peut-être 80 à 85% hommes. En tant que femme, quelle est ton expérience dans un sport de contact prédominé par des hommes?

FB : J’ai commencé avec les gars tout de suite. Je ne me suis jamais dit : « Wow, c’est un garçon, on est proche, euh, c’est inconfortable ». Je suis vraiment focus sur le jiu-jitsu en tant que tel. Oui, c’est quand même quelque chose de particulier parce qu’il n‘y a pas beaucoup d’autres sports où un gars et une fille vont être proches comme ça. Mais j’aime tellement ce sport que je ne vois que l’art martial. Ce n’est pas qu’il n’y a pas de différences entre les hommes et les femmes. Oui, souvent, un homme va être plus fort physiquement qu’une femme (toute proportion gardée). Nos corps sont différents, il faut rouler différemment. Ce n’est pas les mêmes techniques qui vont fonctionner. Dans le fond, c’est une stratégie d’adaptation. Un des principe de base dans le jiu-jitsu c’est l’adaptation; savoir quand et comment changer de stratégie, et reconnaître ses habilités. Le jiu-jitsu te fait connaître ce qui fonctionne bien pour toi dans des situations variées, ce qui augmente ta confiance en toi quand tu fais face à des situations nouvelles.

Je pense que c’est une des leçons du jiu-jitsu qui m’aide dans tous les aspects de ma vie. Peu importe la situation, tu peux toujours trouver une façon d’utiliser tes forces et tes connaissances pour résoudre le problème. Évidemment, des fois tu roules avec le black belt qui pèse 20 kilos de plus que toi et qui compétitionne. Ça t’apprend que des fois tu peux juste apprendre de la situation; tu fais de ton mieux mais tu sais que tu vas devoir taper. L’humilité est un autre aspect du jiu-jitsu que je travaille quand je m’entraîne et qui est utile dans toutes les sphères de ma vie. C’est important de mettre les choses en perspectives et de se concentrer sur ce que chaque situation peut t’apporter.

Revenant à la question de genre, oui je sais que je roule avec un homme ou une femme, mais je roule d’abord et avant tout avec une personne. Dans ce sens, le genre est secondaire donc je n’y porte pas beaucoup d’importance. Ça m’arrive de temps en temps de rouler avec quelqu’un et que je ne me sente pas à l’aise. Ce sont des exceptions et ça pourrait arriver avec une femme autant qu’un homme.  Je ne pense pas que c’est quelque chose de particulier aux femmes, c’est juste une réalité de ce sport et c’est aussi un apprentissage à faire. Avec le temps, j’ai appris à reconnaître ces situations, et soit j’adapte ma façon de rouler pour calmer le jeu, soit je me retire.

DA : J’aime bien ta perspective sur la différence entre les sexes au jiu-jitsu. Habituellement, quand je roule avec une femme, je roule différemment, mais c’est quelque chose que je fais aussi avec une personne qui est plus petite que moi. J’essaie de compter plus sur ma technique et ma position que ma force et mon poids. Et ce que tu as dit à propos de rouler avec quelqu’un que tu n’aimes pas, c’est évidemment une réalité du jiu-jitsu et non pas d’être une femme. Il y a bien des personnes que je n’aime pas rouler avec!

FB : Oui, exactement! Mais une chose que j’aimerais souligner qui est une différence d’être une femme ici au Gracie Barra de Montréal, c’est le groupe de femmes que nous avons formé. La solidarité entre les filles dans ce gym est incroyable. C’est quelque chose qui m’avait vraiment impressionnée quand j’ai commencé; des fois c’est difficile de s’intégrer dans un nouveau groupe, mais ici, il n’y a jamais une fille qui va être laisser de côté. Dès qu’il y a une nouvelle qui arrive, on est toujours contente de l’intégrer et de l’aider (on lui dit que tout va bien aller *se met à rire*). Bien que nous avons toutes des raisons différentes d’être ici et que nous avons différents niveaux de forme physique, le groupe de filles qui s’est formé est incroyable. Aucune fille n’est laissée à part. On est toujours là pour se soutenir. Des fois on peut être émotives, mais on se comprend, on se console, on rit ensemble et on s’encourage.

“La solidarité entre les filles dans ce gym est incroyable. C’est quelque chose qui m’avait vraiment impressionnée quand j’ai commencé; des fois c’est difficile de s’intégrer dans un nouveau groupe, mais ici, il n’y a jamais une fille qui va être laisser de côté.”

DA : Tu vois, ça c’est quelque chose que je ne savais pas. On a tous des personnes dont on s’est rapproché, même de très bonnes amitiés qui se sont formées, mais je ne savais pas qu’il y avait un genre de « support group » entre vous, c’est très cool.

Alors Fannie, pour toi, c’est quoi ta raison d’être ici? Why do you fight?

FB : Honnêtement, le jiu-jitsu est un sport addictif. La satisfaction de voir nos stratégies et nos techniques s’améliorer à force de s’entraîner. L’intensité des combats et la fatigue physique qui suit. La sensation d’avoir tout donné et de ne plus avoir d’énergie après. Le jiu-jitsu te force à être dans le moment présent et à donner le meilleur de toi-même.

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